Le vin indien est très largement méconnu du public français. Il est principalement destiné au marché intérieur. Même si le secteur viticole demeure marginal au pays du thé, sa croissance est continue et mérite de s’y intéresser.
Le vin indien ne couvre que 1,5 % du vignoble mondial
Les premières traces de vignes en Inde remontent à plus de 3 millénaires. La présence de ces vignes, dans la Vallée de l’Indus, est également attestée par les récits relatant l’interdiction du vin par Mahomet au VIIe siècle. Au XIVe siècle, se développe la culture de cépages domestiqués. Des nombreux écrits émanant de la cour de Baïbars, fondateur du richissime et raffiné Empire moghol des Indes au XVIe siècle, évoquent l’élégance de vins produits sur les bords de la vieille route de la soie, au nord du Cachemire. La superficie des cultures se développa au XIXe avec l’arrivée des missionnaires chrétiens, demandeurs de vin pour l’eucharistie. Mais ce n’est qu’à partir de 1970 que le vignoble indien se structura dans une logique commerciale. De 1990 à 2005, la surface du vignoble passa de 25 000 à 58 000 hectares. Depuis 2015, elle dépasse 120 000 hectares. A titre de comparaison, le vignoble français représente 790 000 hectares et le vignoble mondial 7,5 millions d’hectares.
Produire du vin en Inde est un défi à la culture et à la nature
Les vignerons indiens doivent faire face à de nombreux défis.
– Le pays est principalement consommateur de thé. En 2005, la consommation de vin n’était que de 0,009 litre par an et par habitant, contre 42 litres en France à la même date.
– Le climat tropical représente une difficulté de taille. Durant la saison sèche, les températures dépassent allégrement 40°C et nécessitent de recourir à l’irrigation. De juillet à octobre, la saison des pluies est favorable au développement de nombreuses maladies de la vigne. Deux vendanges sont donc effectuées chaque année, la plus qualitative a lieu en avril durant la période sèche.
– Dans cette République Fédérale, l’imbroglio des taxes entre états bride le potentiel de développement commercial.
Deux pôles de production viticole en Inde : Maharashtra et Karnataka
La production de vin indien se concentre principalement à l’ouest dans l’état du Maharashtra (80 %) et ses deux pôles, Nashik et Pune, et plus au sud, dans le Karnataka à Bengalore (10 %).
Maharashtra : à Nashik, au nord de Mumbai (ex Bombay), se trouve le principal acteur de la viticulture indienne, le domaine Sula. Il détient plus de 60 % des parts de marché. Ce domaine a vite compris et intelligemment utilisé le potentiel de croissance lié à l’œnotourisme : il accueille plus de 250 000 visiteurs par an.
Karnataka : le numéro deux du marché, Grover Zampa est à Bengalore, lieu de prédilection des vins blancs. Il s’étend aujourd’hui sur plus de 1 300 hectares et produit 13 millions de bouteilles par an.
Le vin indien à la recherche d’un tournant qualitatif
Le vin indien demeure aujourd’hui marqué par une agriculture productiviste et intensive. Le recours aux adjuvants chimiques est systématique et massif. Cependant la saturation du marché intérieur incite les vignerons à opérer un tournant qualitatif. Ce mouvement sera long et fastidieux, mais la présence de consultants de renom tel Michel Rolland ou Stéphane Derenoncourt, marque cette volonté d’évolution.
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Auteur : Aurélien Grevet
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