Le vin algérien repose sur un passé millénaire. Sa culture a subi de plein fouet les chocs des civilisations : aux abondantes productions antiques et coloniales succédèrent des périodes d’importants replis. Une nouvelle ère semble poindre depuis le début des années 2000.
Le vin en Algérie, c’est d’abord une histoire de Carthaginois et de Romains
Relayés par la civilisation carthaginoise dont ils sont à l’origine, les Phéniciens furent les premiers à développer la viticulture sur le territoire de l’actuelle Algérie. À la suite des guerres puniques et de l’invasion par l’Empire romain, ce dernier prit la relève. Les Romains y perpétuèrent la culture de la vigne tant pour la production de vin que pour la consommation de raisins de table.
La conquête arabe du 7e siècle et l’avènement concomitant de l’islam impactèrent la viticulture, sans pour autant la faire disparaître. Dans son Histoire mondiale du vin, Hugh Johnson note que les vignobles survivaient malgré l’interdiction de boire de l’alcool prononcée par Mahomet. Ce n’est qu’à partir du 15e siècle, sous la domination ottomane, que le recul du vin de la future Algérie fut le plus important.
Au 19e siècle, l’Algérie devient un des principaux vignobles du monde
En 1830, lorsque la colonisation française mit un terme à l’autorité ottomane sur la régence d’Alger, le vignoble local ne couvrait plus que 2 000 hectares. D’abord considérée comme un marché de consommation, notamment pour les très abondants vins du sud de la France, l’Algérie française devint l’un des plus importants producteurs de vin au monde. Après des débuts laborieux, la viticulture locale connut un puissant essor à partir des années 1870, en offrant aux vignerons du Midi qui souffraient du phylloxéra, un climat et des terres favorables.
En 1935, le vignoble algérien s’étendait sur près de 400 000 hectares et produisait 18 millions d’hectolitres. Cette production placerait aujourd’hui le pays au cinquième rang mondial, entre l’Argentine (14,5 millions d’hectolitres) et les États-Unis (23,9 millions d’hectolitres). Ce vin servait beaucoup à « fortifier » des cuvées, notamment bourguignonnes, jugées trop légères. Néanmoins, il existait une production de qualité. C’était au point que des juges du Concours général agricole de 1930 reconnurent leur incapacité à différencier quelques belles algériennes des crus bordelais. Mais, cette production était extrêmement dépendante du marché métropolitain, où 98 % des volumes étaient exportés.
Après une longue dépression, le vin algérien reprend quelques couleurs
L’indépendance de 1962 et les choix d’une politique économique concentrée sur l’industrie, puis les affres de la guerre civile portèrent un coup très sérieux au vignoble algérien. Celui-ci ne s’étendait plus en 2000 que sur 55 000 hectares et ne produisait plus que 424 000 hectolitres (2 % de la production des années 30).
Depuis les années 2000, quelques-uns tentent de revigorer le vignoble algérien. Mettant en avant un sol propice, des conditions climatiques favorables et un savoir-faire ancestral, des compagnies viticoles, telle Société Les Grands Crus de l’Ouest Algérien, œuvrent à ce renouveau. Toutefois, ils optent pour une stratégie de marque, au détriment de la spécificité des terroirs vinicoles algériens. En 2016, le vignoble couvrait près de 76 000 hectares et produisait 574 000 hectolitres.
Auteur : Aurélien Grevet
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