La politique de prix de primeurs adoptée par les Châteaux de Bordeaux alimente les discussions depuis la fin de l’année 2014. Beaucoup y voyaient « une campagne de la dernière chance » pour ce système de vente typiquement bordelais, largement remis en cause par 3 campagnes ratées en 2011, 2012 et 2013.
Les Châteaux de Bordeaux n’ont pas cédé à la fronde
Dès février 2015, nous vous faisions part de la fronde menée par les plus importants négociants de vin anglais, plaidant pour une baisse substantielle des prix de primeurs. Force est de constater que la plupart des producteurs bordelais sont restés sourds à cet appel pourtant impérieux.
Les prix ont même augmenté, +15% dans le Médoc et +11,5% à Saint-Emilion par rapport à 2013. Les Châteaux mettent en effet en avant la grande qualité du millésime. Si tout le monde s’accorde à reconnaître qu’elle est effectivement la meilleure depuis 2010, la qualité des primeurs 2014 semble bien plus disparate que les producteurs veulent bien l’admettre. À Pomerol, mise à part les stars de l’appellation (Petrus, Lafleur, Le Pin et la Conseillante), les critiques sont plus que mitigées.
Parmi les premiers crus, Mouton Rothschild 2014, sorti à 240€ en première tranche (+11% par rapport à 2013) se vend bien. Faut-il y voir l’influence de l’année du bélier en Chine ? Lynch Bages attire également de nombreux client, à 60€ soit 20% de plus qu’en 2013, mais 30% de moins que les prix de marché de 2004, 2006 et 2008.
Quelle cohérence entre prix de sortie en primeur des Bordeaux et prix de marché ?
Plus que la question de variation d’une année à l’autre, ce qui nous semble essentiel, c’est ce point spécifique du ratio entre prix de sortie en primeurs et prix de marché de millésimes, qualitativement équivalents mais matures et/ou physiquement disponibles. À cet égard, nous somme plus que perplexes quant au choix effectué par Cheval Blanc (360€) dont les millésimes 2004 ou 2006 s’échangent sous la barre des 300€.
Auteur : Aurélien Grevet
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