Le système de vente de vin en Primeur de Bordeaux n’a jamais autant été décrié. Malgré l’échec des quatre dernières campagnes, le mécontentement restait confiné aux cercles autorisés, s’ébruitant à peine plus l’année dernière.
Les négociants en vin anglais s’attaquent aux Primeurs de Bordeaux
Cette année, la situation conflictuelle des Primeurs de Bordeaux prend une ampleur inédite avec une véritable fronde menée les principaux négociants britanniques dont Berry Bros & Rudd, Bordeaux Index, Farr Vintners et Corney & Barrow.
Dans une lettre ouverte aux châteaux et négociants bordelais, 12 marchands anglais lancent un message clair : « si vous ne baissez pas sensiblement les prix, nous ne vous passerons aucune commande en primeur ». Revendication indispensable afin de revigorer la demande plus que déclinante des consommateurs pour ce système de Primeurs qui a perdu tout son attrait originel : acheter à prix particulièrement compétitif contre le paiement immédiat d’un vin encore en phase d’élaboration, précédant de 12 à 24 mois la livraison du produit fini, en bouteille.
Pourquoi les Primeurs de Bordeaux ne font-elles plus rêver ?
Après l’augmentation vertigineuse des prix de sortie des Primeurs 2009 et 2010, qualifiés de « millésimes du siècle », les tarifs sont demeurés élevés, ne reflétant pas la baisse qualitative des années 2011, 2012 et 2013.
Or aujourd’hui, il est aisé de retrouver sur les marchés ces grands crus bordelais 2011 et 2012 à des prix très inférieurs à ceux pratiqués, même en première tranche, lors des campagnes de primeurs. L’écart atteint couramment 20 à 30%. L’accord tacite qui avait fait le succès de ce système est indiscutablement caduc : bloquer son argent 12 à 24 mois permet désormais de … bénéficier d’une majoration d’un tiers du prix réel.
Le mouvement lancé par les négociants britanniques contre les Primeurs de Bordeaux exprime un mécontentement dépassant très largement les frontières du Royaume-Uni. Les rebondissements s’annoncent nombreux jusqu’au printemps.
Auteur : Aurélien Grevet
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