En 2020, le marché des grands crus compose avec le cataclysme créé par la pandémie de covid-19, comme l’ensemble de l’activité économique mondiale. Si les chiffres bruts indiquent une légère croissance, il est essentiel de les relativiser. De nombreux acteurs des échanges ont ressenti une atmosphère particulièrement attentiste et crispée.
Les chiffres du marché des grands crus 2020 sont trompeurs
En ne regardant que la progression des différents indices du Liv-ex, l’année 2020 semble afficher d’honorables performances sur le marché des grands crus : +5,4 % pour le Liv-ex 100 et +2,02 % pour le Liv-ex 1000. Comparés aux reculs constatés en 2019, les chiffres bruts apparaissent favorables. Et pourtant, rares sont les marchands à montrer une entière satisfaction.
D’abord, il faut rappeler que ces indices sont britanniques et exprimés en livre sterling dont le cours par rapport à l’euro a reculé en 2020 de 6,22 %. Dans la monnaie unique européenne, les performances des indices Liv-ex deviennent négatives.
Ensuite, le déroulement de l’année fut chaotique et la crise de la Covid est venue amplifier des difficultés déjà importantes au premier trimestre, dans la lignée de la maussade année 2019 :
- la taxe de 25 % sur les vins français, décidée par l’administration Trump en octobre 2019, freina tout au long de 2020 les velléités dépensières des acheteurs américains ;
- le ralentissement de l’économie chinoise fut évidemment accru par la pandémie et ses répercussions sur l’activité générale ;
- les incertitudes liées au Brexit empoisonnèrent toute l’année et engendrèrent, entre la livre et l’euro, une volatilité des changes qui déstabilisa les marchés des grands vins tout au long de 2020.
Certains indices du second semestre 2020 laissent apparaître que le marché a résisté
Après un premier semestre compliqué, et notamment le premier trimestre 2020, une certaine reprise peut néanmoins être actée au cours de la seconde partie de 2020, dans la foulée d’une campagne des Primeurs bordelais réussie grâce à un ajustement des prix.
Mais le bilan de 2020 varie aussi en fonction des régions d’origine des grands crus. Si l’Italie et la Champagne, dont les vins ne sont pas concernés par la taxe Trump, affichent de bons résultats (+6,65 % pour l’Italie et +6,24 % pour la Champagne), la Bourgogne semble au contraire poursuivre le mouvement de consolidation débuté en 2019 (-8,76 % en 2019 et -1,52 % en 2020).
De nature optimiste, nous pensons néanmoins que le marché des grands crus a malgré tout bien résisté à des difficultés d’une ampleur exceptionnelle. Le décalage structurel qui existe entre la demande et l’offre de ces grands vins devrait favoriser, au cours de l’année à venir, un retour à des jours meilleurs.
Auteur : Aurélien Grevet
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