Le marché international des grands crus, forcément impacté par le COVID 19 qui se propage en Europe depuis la fin du mois de février, affichait déjà, depuis les premières semaines de l’année, des signes de fébrilité. Retour sur un premier trimestre 2020 compliqué.
Un marché des grands crus durement touché au 1er trimestre 2020
Du point de vue occidental, l’ampleur du cataclysme lié au Coronavirus n’est véritablement perçue que depuis le mois de mars. Mais, il est essentiel de rappeler que les prémices de cette épidémie remontent aux derniers jours du mois de décembre 2019. Or en Chine, premier foyer de la propagation, le mois de janvier correspond aux préparatifs de la fête du Nouvel An lunaire.
De nombreux acteurs du marché des grands crus attendaient avec impatience cette période faste, propice aux achats de grands vins. Ils espéraient compenser une fin d’année 2019 perturbée par de multiples aléas internationaux :
- la taxe de 25 % des vins français aux États-Unis ;
- les incertitudes liées au Brexit ;
- la guerre commerciale sino-américaine.
Et c’est euphémisme d’affirmer que ces espoirs furent déçus.
Le 1er trimestre 2020 voit se poursuivre la chute des grands crus bordelais
Parmi les tendances les plus significatives du premier trimestre 2020 ressort l’irrémédiable déclin de la part des grands crus de Bordeaux au sein des échanges internationaux. Cela prolonge un mouvement désormais constaté depuis plus de 10 ans. L’analyse de la plateforme londonienne du Liv-ex le montre bien. Alors que ces grands vins bordelais représentaient plus de 95 % des échanges en 2010, leur part n’est plus que de 50,5 % au cours du premier trimestre 2020.
Avec le report de la campagne des primeurs 2019, l’incertitude est à son comble.
Les grands vins de Bourgogne continuent à souffrir début 2020
De même, la Bourgogne souffre durant les trois premiers mois de l’année. Le sous-indice Burgundy 150 de ce même Liv-ex affiche la baisse la plus importante, avec un recul de 4 % depuis le 1er janvier, contre une moyenne de -2,69 % pour l’indice de référence des grands crus, le Liv-ex Fine Wine 1000. Ce repli est dans la continuité de la tendance déjà observée depuis le début de l’année 2019.
Il convient toujours de mettre en perspective ce mouvement de consolidation des cours en rappelant que les prix des grands vins de Borgogne ont augmenté de plus de 78 % durant les 5 dernières années.
Les grands vins italiens surfent sur la crise
Les grands crus italiens semblent au contraire bénéficier de cette période si particulière du marché des grands crus.
Premier avantage et non des moindres, ils ne sont pas affectés par les taxes mises en place en octobre 2019 par l’administration Trump. Les fromages italiens le sont, pas les vins. Le sous-indice Italy 100 affiche même la seule performance positive (+ 0,59 %) du premier trimestre 2020.
De plus, les cours des grands vins italiens sont également soutenus par l’arrivée physique sur le marché des superbes millésimes 2015 des Brunello et 2016 des Barolo.
Les échanges financiers erratiques ont contribué à déstabiliser le marché des grands crus
Mais peut-être plus que tout, le premier trimestre 2020 confirme l’extrême sensibilité du marché des grands crus à la volatilité des devises.
En cette période de panique et d’irrationalité sur les marchés financiers, les effets sont colossaux. Les indices du Liv-ex, dont la monnaie de référence est la livre sterling, n’affichent en apparence que des baisses modérées au regard des krachs boursiers (-3,45 % pour le Liv-ex 50 depuis le début de l’année).
La donne change lorsque les calculs sont repris dans les autres devises. La chute passe à -15,4 % en dollars US, -11 % en euros, -14,6 % en yens et -15,6 % en Hong Kong dollars.
Les négociants britanniques ont représenté une rude concurrence pour tous les autres marchands européens :
- leurs stocks sont importants, notamment du fait des nombreuses sociétés d’investissement dans les grands crus implantées à Londres ;
- ils ont eu l’avantage de la baisse continue de la livre sterling face à l’euro durant le premier trimestre.
Cette tendance semble s’inverser depuis les derniers jours de mars.
Les variations des taux de change seront l’un des points essentiels à suivre sur le marché des grands crus lors du prochain trimestre.
Vinoptimo, négociant international en grands vins, vous conseille pour vos achats ou reventes de grands crus.
Auteur : Aurélien Grevet
Crédit image : Vinoptimo