Prédire la cote des grands vins pour l’année à venir est un exercice risqué auquel se livrent tous les acteurs et analystes du marché des grands crus à cette période.
La cote des grands vins souffre de la politique de primeur des Châteaux bordelais
Si de nombreux indicateurs et données existent, et sont en l’occurrence positifs, force est de reconnaître que les incertitudes pèsent sur ce marché comme sur de nombreux autres. À long terme, la cote des grands crus est structurellement haussière du fait de la distorsion entre une demande croissante et une production limitée. Mais qu’en est-il à un horizon plus court ?
À la même époque, aux premiers jours de 2015, plus de 90 % des marchands interrogés par la plateforme londonienne du Liv-ex tablaient sur une hausse de l’indice de référence Liv-ex 100, 75 % s’attendaient même à plus de 4 % d’augmentation. Dans les faits, le Liv-ex 100 demeura stable en 2015 (-0,1 %). L’optimisme des marchands s’appuyait pourtant sur des éléments concrets dont la fin de la forte correction débutée à l’été 2011, ou encore le retour au premier plan des acheteurs nord-américains (premier marché d’exportation des grands crus).
Peu d’experts pouvaient imaginer l’incompréhensible politique de cotation des grands Châteaux bordelais lors de la campagne des vins en primeur qui débuta au printemps 2015. Comment prévoir ces prix des plus grands crus toujours trop élevés pour attirer en masse les acheteurs et redonner confiance ? Si les domaines les plus prestigieux n’ont aujourd’hui cure des problématiques de trésorerie, grâce à leurs fantastiques réussites, ils semblent oublier qu’étrangler les intermédiaires qui entretiennent au quotidien le système de commercialisation des grands crus est nuisible à moyen terme. Ces tensions de trésorerie ressenties chez tous les marchands et négociants paralysèrent le marché au cours du second semestre. Les difficultés de l’économie chinoise n’arrangèrent rien.
Des voyants au vert sur le marché des grands vins
Aujourd’hui, notamment sur la plateforme du Liv-ex, l’immense majorité des signaux sont positifs :
- le ratio entre les ordres d’achat et les offres est supérieur à 1 (c’est un indicateur positif dès qu’il est supérieur à 0,5),
- la chute des bouses chinoises n’affecte pas les cours des grands crus,
- 2014 fut qualitativement un bon millésime et 2015 sera meilleur,
- et surtout les marchés sont à des niveaux historiquement bas.
Mais comme en 2015, la tendance de la cote des grands vins ne se fixera définitivement qu’après la campagne de primeurs qui, souhaitons-le, permettra de réinjecter des liquidités.
Auteur : Aurélien Grevet
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