Il est toujours délicat de décrire une expérience, à proprement parler extraordinaire, sans risquer de s’égarer dans le cliché et l’emphase. Il est particulièrement délicat de décrire un dîner chez Pierre Gagnaire.
Quelques grands crus furent de précieux repères dans ce bouleversant voyage.
Auréolé en 2015, par ses pairs étoilés, du titre de meilleur chef du monde, cet homme de talent offre une cuisine, bien sûr, techniquement irréprochable, mais avant tout infiniment expressive, tant en termes de goût que d’émotion. Ses créations déstabilisent, ébranlent les certitudes, pour mieux effleurer les délicates cordes du plaisir et en prolonger à l’envi les subtiles vibrations.
Le souvenir de Talleyrand et son culte des grands vins.
Dès les premiers pas dans l’antre de la rue Balzac, le dessein de l’esthète, partisan « d’une cuisine d’auteur », s’exprime intensément. Le cadre élégant puise une douce chaleur de ses murs recouverts de feuilles légèrement jaunies, de grands auteurs. En face de moi, la page de garde d’une œuvre de Talleyrand m’interpelle à propos de grands crus. Je souris en me remémorant une exquise citation de ce personnage souvent décrié, mais assurément raffiné : « Quand un vin a une belle robe, il le faut contempler longtemps du regard. Puis vous l’approchez, vous le humez et, d’un grand soupir, vous imaginez tout ce qu’il évoque en vous : chaleur, tendresse, apaisement. Alors, vous reposez le verre pour en parler. Un peu plus tard, vous oserez le porter à vos lèvres, comme la main d’une jolie femme ».
L’accueil souriant et le service sans ambages invitent au partage et à la convivialité.
En fin de semaine, le dîner, avec ses assiettes et ses grands crus de Dauvissat, Chandon de Briailles et Trévallon.
Et d’ici là, nous serons heureux de vous présenter quelques perles de notre cave de grands millésimes prêts à boire.
Auteur : Aurélien Grevet
Image : Vinoptimo