Clos Rougeard, voilà un nom qui enflamme les sommeliers des plus belles tables étoilées et les amateurs de grands crus les plus exigeants. Ils sont peu nombreux dans la Loire à pouvoir se targuer d’un tel prestige. Devenu une légende en quelques décennies, le Clos Rougeard est une promesse d’absolu pour les inconditionnels de grands cabernets francs.
Le Clos Rougeard est devenu un coin de paradis pour un amateur éclairé… et fortuné
Propriété familiale durant 8 générations, le Clos Rougeard s’étend sur un peu plus de 10 hectares d’appellations Saumur et Saumur-Champigny, 9 hectares de cabernet franc et 1 hectare de chenin, à Chacé, petite commune du Maine-et-Loire, à quelques encablures de Saumur. Ici, la terre est celle de la vigne, une parcelle y est cultivée depuis le XVIIe siècle.
Le Clos Rougeard fut incarné pendant plus de trente ans par les figures emblématiques des frères Foucault, Bernard et Jean-Louis, plus souvent appelés « Nady » et « Charly ». À la suite du décès de Jean-Louis, son frère décida de vendre le domaine à un proche de la famille et amateur éclairé de grands vins, Martin Bouygues. Le montant de la transaction, estimé à 20 millions d’euros (2 millions l’hectare), marque surtout la place à part que tient le domaine dans cette région où les vins sont le plus souvent sous-valorisés.
Trois cuvées de rouge et un blanc très rare
De même, depuis près de 10 ans, les cours des 3 cuvées de rouge le Clos (assemblage de 2 parcelles), les Poyeux (parcelle sableuse d’un seul tenant de 2,9 hectares) et le Bourg (parcelle plus calcaire offrant des vins qui exigent plus de patience) se sont littéralement envolés. Le très rare blanc, Saumur Brézé, issu d’une parcelle de chenin d’un hectare et demi, est également très prisé. L’engouement du marché pour les crus d’exception du Clos Rougeard tient avant tout au style incomparable de ces crus.
Nady Foucault résumait en quelques mots, dans un entretien accordé au Figaro, cette signature inimitable accordant raffinement et intensité aromatique :
« Un bon vin, c’est la concentration et la finesse, mais, comme on dit dans la famille, il ne faut pas confondre concentration et extraction, et il faut distinguer finesse et dilution. »
Comme un illustre vinificateur avant lui, Henri Jayer, autre mythe adulé des amateurs éclairés, il insiste sur l’importance primordiale du travail de la vigne.
« C’est là que naissent les nectars. »
Au Clos Rougeard, on a toujours préféré la concentration au rendement
Depuis toujours, le domaine respecte les principes de l’agriculture bio, sans jamais le revendiquer ni chercher à le faire labelliser. Cela s’est toujours fait naturellement. Dans les années 1960, le père de Charly et Nady balayait déjà d’un revers de main les promesses du productivisme. La qualité a toujours été préférée à la quantité, la concentration au rendement.
Parmi mes souvenirs de dégustation de ces belles cuvées du Clos Rougeard, deux se démarquent. Le premier et le meilleur est un Poyeux 2008 dégusté rue Balzac, chez Pierre Gagnaire : les notes florales et épicées, la fraîcheur et la longueur en bouche de ce cru me reviennent encore à l’évocation de ce bel instant. Le second est plus douloureux, un Bourg 2011, ouvert bien trop jeune à la fin 2019. Il était encore très fermé et n’exprimait qu’une infime parcelle de son immense potentiel. Une belle école néanmoins de la patience.
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Auteur : Aurélien Grevet