Décembre est un bon mois pour un négociant en grands vins. L’activité y est soutenue, mais c’est aussi une période particulièrement propice aux dégustations de grands crus. Si toute l’année est rythmée par des occasions de découvrir de nouvelles cuvées, décembre est le mois des grands vins. N’y voyez là que le sens du devoir ! Il s’agit d’entretenir, dans le strict cadre de l’activité professionnelle, notre connaissance des produits. Et quels produits !
Grands vins : séquence émotion, séquence découverte
La plus belle émotion est venue d’un sublime Château Margaux 1999. Le risque de se tromper était, je le reconnais, assez faible. Comme le faisait remarquer un compagnon de dégustation « ça commence sérieusement à causer ». Ce grand cru est une merveille d’équilibre et de raffinement. À la puissance aromatique exhalant fruits noirs, violette et notes minérales répond une matière soyeuse, élégamment structurée. L’étiquette abîmée de cette belle bouteille n’altérait en rien la majesté du vin, au contraire.
La plus belle découverte fut un grand vin californien de Knez Winery, le Pinot Noir Cerise Vineyard 2012. Ce grand cru bien nommé me réconcilia avec les vins californiens, trop souvent stéréotypés et bodybuildés. Du fruit et de l’élégance, avec néanmoins une matière imposante, mais bien fondue. Ce vin est malheureusement quasi introuvable en France et en Europe, un ami « fin palais » l’avait rapporté d’un voyage aux États-Unis.
Les grands vins tops qui confirment les grands vignerons topissimes
Même s’il arrive qu’on puisse l’oublier, Yquem n’est pas le seul grand vin liquoreux. Pour preuve un Vouvray Réserve 1990 du Clos Naudin. M. Foreau a décidément d’admirables cuvées. Sans atteindre le niveau d’excellence des Gouttes d’Or, cette cuvée Réserve rassemble tous les attributs des grands blancs moelleux : une palette aromatique d’une incroyable profondeur, une longueur en bouche infinie, et encore cette fameuse harmonie, cet équilibre entre puissance et fraîcheur.
Quelques confirmations aussi.
Les grands crus de Samuel Billaud à Chablis sont époustouflants et offrent un rapport prix-plaisir hors norme, en l’occurrence Vaudésir 2014.
Les parcellaires de chez Guigal n’ont aucun rapport avec les cuvées génériques que l’on retrouve en grande distribution : le Saint-Joseph Vignes de l’Hospice 2015 l’illustre à merveille.
Monsieur Roulot fait de très bons vins à Meursault, sans surprise le Luchet 2011 égaya nos papilles.
Deux grandes bouteilles qui ont fait « flop »
Au rayon des déceptions, car malheureusement elles sont inhérentes à la dégustation d’un produit vivant, deux vénérables grands crus de Bordeaux.
La première, due à un Montrose 1982, fut la plus terrible. Je conservais, ému, le souvenir d’une de ces bouteilles. Malheureusement, celle ouverte en décembre, au niveau certes un peu bas, était complètement passée, les arômes tertiaires avaient totalement pris le pas sur tout le reste.
La seconde était double, d’une part je pensais sortir un Léoville Las Cases 1986 qui en fait était un 1985, d’autre part le vin était très fatigué, aucun passage en carafe ne parvint à le réveiller.
Quel métier !
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Auteur : Aurélien Grevet
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